Mise en service des processus : comment réussir – partie 1

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Votre produit innovant ne peut être fabriqué que si vous achetez, installez et mettez en route un nouveau procédé ? Comment vous assurer que votre nouvel équipement coûteux tiendra ses promesses ?
Qu’il s’agisse d’une seule pièce d’équipement ou d’un nouveau processus complet, vous devrez maîtriser la mise en service et le démarrage de processus. Si vous ne le faites pas, vous risquez de commettre des erreurs coûteuses qui auront un impact sur votre activité.
Voici le premier de deux articles destinés à vous aider à bien mettre en service et à démarrer votre procédé. Vous trouverez la deuxième partie ici.

Qu’est-ce que c’est ?

Avant de commencer, je dois préciser ce que couvre cet article. L’industrialisation d’un nouveau procédé est un sujet tellement vaste que je dois me concentrer sur une petite partie de celui-ci. Je parle plus particulièrement de ce que j’appelle la mise en service et le démarrage du procédé (“Process Commissioning and Start-up” en anglais).
Cela commence après l’installation et les contrôles mécaniques et électriques des nouveaux équipements de traitement. Mais ces équipements n’ont pas encore été nettoyés, remplis de produit ou exploités de manière significative. Pour ceux d’entre vous qui ont une certaine expérience de l’industrialisation, elle commence après la réception mécanique et comprend la pré-mise en service.
Le point final est la remise à l’équipe de fabrication d’un processus industriel entièrement opérationnel, fabriquant un bon produit au coût et à la qualité visés.

Cet article est une brève présentation

Je ne vais pas entrer dans les détails car cela transformerait cet article en un livre et j’ai déjà dû le diviser en deux parties. Dans cette partie, je vais partager mon expérience et l’approche éprouvée que j’ai utilisée au fil des ans pour mettre en place de nouveaux processus et les faire fonctionner. Dans la deuxième partie (ici), je vous expliquerai ce qui peut mal se passer lorsque la réalité rencontre la théorie.
Une dernière chose. Je vais parler du point de vue de la mise en œuvre d’un nouveau processus significatif, car c’est le scénario le plus difficile. Cependant, tout ce qui est dit ici peut également être appliqué à de petits changements de processus. Que vous démarriez un tout nouveau processus ou une nouvelle pièce d’équipement, les mêmes principes s’appliquent, mais pour les petits projets, vous les appliquerez de manière plus légère.
Maintenant que vous savez de quoi traitent ces deux articles, pourquoi devriez-vous les lire ?

Vous devez être performant dans la mise en service et le démarrage de processus.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles votre entreprise doit être compétente en matière de mise en service et de démarrage de processus. En voici quelques-unes :

SÉCURITÉ

C’est la raison la plus importante. Le démarrage d’une nouvelle installation est une période de grande fluidité et de risque accru d’accidents. Des événements inattendus peuvent se produire, les équipes sont sous pression et potentiellement fatiguées. Souvent, plusieurs entreprises travaillent simultanément sur le site. Vous devez mettre en place les contrôles nécessaires pour assurer la sécurité de l’ensemble du personnel.

CRITICITÉ DU TEMPS

Comme la mise en service et le démarrage interviennent vers la fin du processus de développement, la pression du temps peut être énorme. Les clients peuvent attendre le produit, votre usine peut être incapable de produire d’autres produits lorsque le nouveau processus est en cours de démarrage. Je n’ai jamais été dans la situation où j’ai eu plus de temps pour démarrer un processus que ce qui était initialement prévu.

LES CONSÉQUENCES DE L’ÉCHEC

Imaginez tout le travail qui a déjà été accompli pour que vous puissiez mettre en service et lancer votre nouveau processus. Vous avez peut-être investi de grandes quantités d’argent, de temps et d’expertise. Vous avez peut-être annoncé publiquement au monde entier votre nouvel investissement majeur. Imaginez maintenant que votre démarrage échoue. Le coût et la qualité du produit ne sont pas assez bons, vous ne pouvez pas lancer les produits, votre nouveau processus ne fonctionne tout simplement pas. Outre la perte de temps et d’argent, l’atteinte à la réputation de votre entreprise pourrait être énorme.

COÛT ÉLEVÉ

Le lancement d’un nouveau procédé n’est pas anodin. Vous allez fabriquer des quantités industrielles de produits. Si les choses ne se passent pas bien, vous produirez également des quantités industrielles de déchets. De nombreuses personnes seront impliquées – personnel de production et autres employés de l’usine, sous-traitants externes, R&D. Le temps, c’est de l’argent et les erreurs à ce stade pourraient coûter cher.

ATTENTES ÉLEVÉES

Il y a de fortes chances que toutes vos parties prenantes aient de grandes attentes vis-à-vis de ce nouveau processus. Plus les enjeux sont importants, plus les attentes sont grandes. Cela peut être une bénédiction. Le soutien de la direction peut être très utile. Cependant, cela peut aussi être une malédiction ; des attentes élevées peuvent également entraîner une forte pression sur l’équipe de démarrage.

CE N’EST PAS FACILE

Cela semble évident à dire, mais en raison de la complexité inhérente à cette activité, il est difficile de réaliser un démarrage parfait. Les choses vont déraper. Des événements inattendus se produiront. C’est là que vous aurez besoin de grandes compétences en gestion de projet pour garder les activités sur la bonne voie.
Voilà donc les raisons pour lesquelles vous devez vous concentrer sur cette partie du processus d’innovation. Mais comme beaucoup d’autres choses dans la vie, ce que vous faites AVANT d’être face à un tout nouveau processus est important.

Avant de commencer – les prérequis

La mise en service et le démarrage interviennent vers la fin du processus de développement, il y a donc beaucoup de choses à régler avant d’arriver ici. Elles feront l’objet de futurs articles, mais voici quelques prérequis techniques clés que vous devrez avoir faits avant de commencer.
UNE CONCEPTION DU PROCÉDÉ CLAIRE ET DÉTAILLÉE.
La conception du procédé est un résultat clé du travail de R&D en laboratoire et en usine pilote. Il doit détailler sans ambiguïté les étapes du processus nécessaires pour transformer les matières premières en un bon produit final.
Je recommande que la conception du procédé soit consignée dans un document (une spécification de conception) rédigé par l’équipe R&D. En anglais, cela s’appelle “Process Design Specification” (PDS). Le PDS doit être suffisamment complet et détaillé pour servir de base à toutes les activités d’industrialisation ultérieures.
LES BONS PARTENAIRES.
Vous devrez travailler avec des prestataires tiers pour toutes sortes d’activités, de la conception et de la construction d’équipements et de bâtiments sur mesure à l’installation et au démarrage des équipements. La façon dont vous travaillerez ensemble aura un impact sur le succès de votre industrialisation, vous devez donc bien les choisir !
UNE CONCEPTION TECHNIQUE ET UN APPROVISIONNEMENT EN ÉQUIPEMENTS FIABLES.
Pour que la conception de votre procédé passe de l’idée à la réalité, vous allez devoir vous procurer des équipements. Pour vous assurer que vous obtenez le bon matériel, vous devez disposer d’un système solide pour le spécifier, le sélectionner et le vérifier. Et ce, que vous le fassiez en interne ou que vous le confiez à une société d’ingénierie tierce.
BÂTIMENT CONSTRUIT, MATÉRIEL INSTALLÉ ET TESTÉ MÉCANIQUEMENT.
Il est logique qu’avant de commencer à mettre en service un nouveau processus, celui-ci soit installé et opérationnel selon une norme minimale. Il en va de même pour tous les bâtiments que vous devez construire. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et, comme nous le verrons dans la deuxième partie, les travaux de construction et d’installation peuvent être en cours lorsque vous devez commencer.

Facteurs clés de succès

Imaginons que vous ayez tous les prérequis en place. Quels sont alors les facteurs clés de succès dont vous aurez besoin pour mettre en place votre processus et le rendre opérationnel ?

Un cadre clair

Vous avez besoin d’une approche structurée qui guide l’équipe et permet à chacun de connaître l’état d’avancement à tout moment. Je recommande une approche de type ” étape-porte ” qui commence par la Définition et Planification détaillées. Vient ensuite une étape de Mise en Service très structurée, puis la Qualification du Produit et la Production Assistée avant de passer à la Production Complète.

Protocoles de mise en service

Préparés lors de la phase de planification et basés sur le PDS, les documents du protocole de mise en service sont les plans d’essai détaillés et les critères d’acceptation pour chaque étape de la mise en service et du démarrage. Ils sont essentiels pour que vous sachiez ce que vous devez faire pour vous assurer que le nouveau processus fonctionne comme prévu.

Des critères clairs de performance et d’approbation

Chacun doit savoir ce qui doit être réalisé à chaque étape de la mise en service et du démarrage. Je recommande une approbation formelle aux étapes clés, afin de garantir une responsabilité partagée et une compréhension commune de l’état d’avancement.

Rôles, responsabilités et redevabilités clairs

La mise en service et le démarrage sont des activités à l’interface entre la R&D, l’usine et les équipes externes. Il est essentiel que tous les acteurs aient la même compréhension de leur rôle et de ce qu’ils doivent fournir.

(Très) bonne préparation et planification

Je vous recommande vivement de prendre le temps de concevoir, planifier et préparer l’activité de mise en service et de démarrage bien avant votre premier jour de mise en service. N’oubliez pas de le faire en collaboration avec l’équipe du site et les partenaires.

(Très) bonnes compétences en gestion de projet

La mise en service et le démarrage d’une nouvelle installation est un “projet dans le projet”. Il est important de le gérer comme tel. Recherchez un chef de projet expérimenté et n’oubliez pas la gestion des risques !

“Agilité Bornée”

Comme le dit le dicton, “attendez-vous à l’inattendu“. Comme le dit l’autre dicton, “Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal“. Soyez prêt à adapter les plans et à trouver des solutions créatives aux problèmes, sans prendre de risques déraisonnables.

Pour résumer la partie 1… et introduire la partie 2

J’espère que cet article a permis de définir ce que j’entends par “mise en service et démarrage des processus” et pourquoi ils sont extrêmement importants. Vous devriez également avoir une idée de ce qui doit être mis en place avant de vous retrouver face à un tout nouveau processus à mettre en route. Enfin, vous avez ma liste des facteurs clés que vous devez mettre en place au cours de votre activité de mise en service et de démarrage.
Si tout est en place, c’est un jeu d’enfant, n’est-ce pas ? Erreur!
Dans la vraie vie, les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Dans la deuxième partie de cet article, je vous parlerai de certains des problèmes que j’ai rencontrés et je vous donnerai quelques conseils pour y faire face.

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Pour en savoir plus

Article web (général, anglais): https://commissioningandstartup.com/the-commissioning-process-a-step-by-step-guide/

Article web (sécurité, anglais): https://hsseworld.com/systematic-approach-for-safe-mechanical-completion-pre-commissioning-commissioning-and-startup/

Wikipédia Loi de Murphy: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Murphy